« À Gennevilliers, impasse Dezert, Louis Delsert, trente-deux ans, mobilisé au 82ème régiment d’artillerie, avisé de l’inconduite de sa femme, l’a tuée d’un coup de fusils de chasse. Il dit avoir simplement voulu l’effrayer et c’est elle qui, en voulant détourner l’arme, a fait partir la détente1. »
Au milieu du tumulte de la guerre, ces deux phrases rédigées par un journaliste semblent bien peu de chose2. Un fait divers parmi tant d’autres, alors que comme le dit le poète Yvan Goll en 1917 : « Chaque heure mouraient mille hommes de plus3 ». Pourtant, nous pourrions aussi considérer ces quelques lignes, comme un indice, une piste dans un recoin de l’immense tableau de la Grande Guerre4. Mais comment et à partir de quelles sources mener une telle recherche ? Au sein du Service historique de la Défense à Vincennes, la sous-série GR 9J, concernant les conseils de guerre de Paris de 1895 à 1918, offre un extraordinaire terrain de recherche sur les particularités de la justice militaire et le traitement de la criminalité des soldats en temps de guerre. C’est surtout le fonds des dossiers de procédure, qui ouvre de multiples pistes de travail. Il se distingue par la qualité de sa conservation et la diversité des documents qui s’y trouvent (rapports de police, lettres, dessins, photographies, rapports d’expert (…)
Lire la suite de l’article de Pierre Perroton dans la revue Criminocorpus.
- Le Petit Parisien, 30 janvier 1917, p. 3. ↩︎
- À propos de la presse et des faits divers voir Dominique Kalifa, L’encre et le sang, récits de crim (…) ↩︎
- Yvan Goll, Requiem pour les morts de l’Europe, Lausanne, Éditions Demain, 1916. ↩︎
- Carlo Ginsburg, « Signes, traces, pistes. Racines d’un paradigme de l’indice », Le Débat,1980, n°6, (…) ↩︎