À l’épreuve de la « Bastille de Barberousse ». Trajectoire carcérale d’Arezki Kehal et des militants du PPA sous le Front Populaire (Nadia Biskri Berkane)

Né le 22 avril 1904 dans le village de Guenzet en petite Kabylie selon un rapport de la préfecture de police de Paris, Arezki Kehal meurt le 14 avril 1939 à l’hôpital Mustapha d’Alger, après quatorze mois de détention dans la prison civile algéroise de Barberousse. La nouvelle de sa mort fut rapidement relayée par le journal El Ouma, organe du Parti du Peuple Algérien (PPA) fondé deux ans plus tôt par le leader nationaliste Messali Hadj après la dissolution de son mouvement l’Étoile Nord-Africaine. Les lecteurs du journal, à Alger comme à Paris, découvraient, à travers le récit des funérailles de l’un des cadres du PPA, les circonstances de son décès au terme de son incarcération dans la « Bastille » algérienne. Qualifié dès 1935 de « lieutenant »1 de Messali Hadj dans un rapport de police du service des affaires indigènes nord-africaines2, Arezki Kehal avait en effet été écroué à Barberousse le 25 février 19383 . L’incarcération du président du parti indépendantiste dans la même prison avait eu lieu six mois auparavant.

La prison civile de Barberousse à l’aube du XXe siècle.
Source :
collection Philippe Zoummeroff/Criminocorpus
https://criminocorpus.org/​fr/​ref/​113/​2410/

La trajectoire personnelle et militante d’Arezki Kehal de part et d’autre des deux rives de la Méditerranée, jusqu’à son épilogue tragique en détention, constitue un matériau pertinent pour entrevoir le rôle central de la prison de Barberousse dans la répression menée par l’autorité coloniale à l’égard des nationalistes radicaux du PPA. À l’heure du Front Populaire, l’incarcération croissante de ces combattants pour l’émancipation totale du peuple algérien confronte l’administration pénitentiaire, mais également son autorité de tutelle, à la difficile question de leur statut pénal et par conséquent de leur régime carcéral. Si le pouvoir colonial est progressivement contraint d’adapter un système pénitentiaire inaccoutumé à cette catégorie de prisonniers, c’est sous la pression des détenus algériens du PPA, à l’instar d’Arezki Kehal, qui font de la « Bastille de Barberousse » la nouvelle arène de leur combat politique(…)

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« Bastille de Barberousse ». Expression empruntée à la légende de la photo d’Arezki Kehal publiée dans le journal du PPA, El Ouma, du 1er avril 1938.

  1. Rapport de police du service des affaires indigènes nord-africaines daté du 25 juin 1935, APPP (Archives de la Préfecture de Police de Paris), BA 2171. ↩︎
  2. Sur ce service de surveillance et d’assistance des Nord-Africains, voir Emmanuel Blanchard, Encadrer des « citoyens diminués ». La police des Algériens en région parisienne (1944-1962), thèse en histoire, université de Bourgogne, 2008, [en ligne]. ↩︎
  3. Lettre du Procureur de la République d’Alger au Gouverneur général le 18 mars 1938, 1F519. ↩︎